[Conte absurde] Awakening Beauty
Il était une fois, une Princesse qui s’était piqué le doigt sur un rouet, et qui avait dormi cent ans.
Ah ? ça a déjà été écrit ? Bon, ben on va trouver autre chose.
Il sera une fois une fille du peuple qui ne parviendra pas à dormir. Enfin, quand je dis fille, je veux dire femme. La trentaine passée, mère en plus… Et surtout pas princesse. Juste roturière. Enfin pas plus que vous et moi quoi. Et puis je ne sais pas pourquoi, mais roturier ça me fait penser à… Bref, on s’en fout d’autant que penser, c’est mal de nos jours. Je m’égare (de l’Est comme toujours) et je perds le fil de ma non histoire, d’autant qu’il n’y aura pas de rouet.
(Si vous ne suivez pas, relisez lentement)
Cette fille, appelons-la Simone, parce que si on l’appelle Thérèse, j’en connais qui vont ricaner bêtement (rien que moi déjà, je pouffe, c’est vous dire !), Simone donc, passait (1) sa vie à se demander pourquoi elle ne dormait jamais. Au début, elle mettait cet état de fait sur le dos des ses enfants parce qu’ils se réveillaient toutes les nuits, ensuite parce que le père desdits enfants ronflait de plus en plus fort, et finalement, il arriva qu’un jour, ou une nuit c’est selon, elle ne dormit plus du tout. En effet, à quoi cela servait-il puisque de toute façon, ‘on’ allait la réveiller ? Autant rester debout. Ce serait toujours ça de moins à faire. Parce qu’en plus, notre héroïne était partisane du moindre effort.
Elle avait bien pensé (aie, la pauvre) à vendre son âme au Diable pour avoir un sommeil réparateur quotidien, mais elle se dit que Faust allait simplement la faire passer de vie à trépas, histoire qu’elle dorme vraiment. Et ce sens de l’humour lui était particulièrement étranger. Du coup donc, elle bafouillait sur son ordinateur des textes improbables, des lettres que les destinataires ne liraient jamais, des best sellers qu’elle ne ferait jamais publier, parce qu’elle était d’un égoïsme redoutable, des mots, toujours des mots, encore des mots (vous avez le droit de chantonner Dalida).
Et un jour, un de ses amis la mit au défi d’inventer un conte. C’était il y a pas loin d’un an maintenant. Elle a donc cherché comment on disait ‘éveillée’ en anglais, parce que c’est super in de faire comme si on parlait anglais couramment, alors qu’elle sait tout juste aligner deux mots (encore des mots !) dans la langue de Shaeks… Schakes… Marie Stuart (2)(3) parce qu’elle se disait que ça lui collait bien à la vie. Et à la nuit d’ailleurs. Après, le beauty, ça c’était pour faire joli.
Elle a cherché longtemps quelle histoire elle pouvait bien inventer. Finalement, une nuit, elle a tellement réfléchi qu’elle en est morte.
Et vous savez qui se marre bien ?
Ouais.
Faust.
1 Je passe du futur à l’imparfait oui. Et ?
2 Ouais oh ça va hein, je sais prononcer Shakespeare mais pas l’écrire.
3 Ah, on me dit que Marie Stuart était écossaise. Bah, ça tombe bien je préfère. Et si je ne m’abuse, elle était même reine douairière de France.