[conte] La véritable histoire du Père Noël

Publié le par Ecriveuse


Loin d’avoir toujours eu cette dégaine de gros barbu débonnaire, aux poils blancs et tout de rouge vêtu, le Père Noël était, à ses débuts, un joyeux drille, un peu voyou, un peu rebelle, qui cherchait la bagarre avec tout le monde.

Rien ne semblait le prédestiner à lui confier la notoriété qu’on lui attribue aujourd’hui, autant pour nos têtes blondes (et brunes, et rousses, et noires, et violettes, et…) finalement que pour nous. Au contraire, puisque lorsque les fées s’étaient penchées sur son berceau, à la naissance, l’une lui avait prédit qu’il mourrait jeune, la seconde qu’il serait quelconque, et la troisième que le rouge serait une couleur à éviter absolument pour tous les domaines. A noter que l’une des trois fées, n’est autre que notre récente connaissance qui s’appelait Lation et dont les prouesses étaient tout bonnement inexistantes.

Forts de ces révélations, ses parents réfléchirent sur la manière la plus simple de se plier aux prédictions des fées. C’était de pauvres gens d’une crédibilité rare. Ils auraient sans doute pu élire un des 7 nains à la tête de leur royaume, dont le nom commence par S (Simplet je crois). Ne pouvant pas grand choses contre les deux premières, ils agirent sur la troisième : dès la petite enfance, le futur Père Noël dut porter des lunettes teintées qui occultaient complètement la couleur rouge de sa vie. Adolescent, il râla bien un peu parce qu’il n’avait même pas le droit de les enlever pour dormir, sous prétexte que même ses rêves devaient se passer de la couleur mise au ban de sa vie, mais au final, il s’y était tellement habitué que c’était plus pour la forme qu’il émettait des grognements et emmerdait ses parents.

Un jour qu’il se promenait dans le bois, armé d’une batte de base-ball pour se défouler, il entendit chantonner.

« Promenons-nous dans les bois, pendant que le Loup n’y est pas… »

Croyant avoir à faire à l’un des trois petits cochons, il se cacha dans un buisson.

« Occupé ! » gronda une voix rauque.

Surpris, notre ami faillit s’excuser dans un premier temps, mais se souvint qu’il était armé.

« Occupé, par moi oui ! répliqua-t-il en levant sa batte.

-          Tu crois que tu vas me faire peur avec ton bout de bois, abruti ? Bouge pas, j’arrive. »

Un peu perplexe, le futur Père Noël se dit que les derniers mots lui rappelaient étrangement la fin de la chansonnette. Aussi ne fut-il pas étonné de voir apparaître un loup gigantesque,  armé d’une énorme montre qui affichait 9h06.

« Heu… Je suis supposé avoir peur ?

-          Oui, mais pas de ça, fit le loup un peu confus. Je l’ai piqué à un lapin blanc qui me saoulait à force de répéter qu’il était en retard. Non, mais peur de ça oui ! » reprit-t-il après avoir fouillé dans ses affaires et en avoir sorti un couteau rutilant.

Les deux adversaires se toisèrent, se jaugèrent, s’évaluèrent du regard, tandis que la voix guillerette chantait toujours un peu plus loin, sans que l’on puisse encore voir de qui il s’agissait.

Soudain, d’un geste vif, Noël d’un coup de batte désarma le loup qui en contrepartie lui balança la montre dans la tronche, ce qui eut pour effet de faire sauter ses lunettes.

Dans un premier temps, laissant parler la rage, Noël se rua sur le loup et lui mit une volée qui est restée dans les anales des véritables histoires des contes de fées jusqu’à ce que des gens comme Perrault et Grimm les fassent disparaître.

La voix quant à elle se rapprochait du buisson. Le loup gisait aux pieds du jeune homme, les yeux en X, comme dans tout manga qui se respecte.

C’est alors que le petit chaperon rouge, car c’était bien elle, sauta sur Noël.

« Merci ! Il me harcelait depuis toujours ! C’était lassant.

-          Une bonne batte et le tour est joué… »

Il n’avait pas fini de parler qu’une fée de 45 cm apparut.

« Putain mais quand est-ce que les mortels vont nous écouter !

-          Hein ?

-          Je t’avais dit qu’il fallait te méfier du rouge : en fait, c’est elle qui harcelait le loup depuis toujours. Et maintenant, ça va être ton tour.

-          Je ne vois pas bien comment une fillette haute comme trois pommes pourrait me harceler, rigola Noël.

-          D’abord, je ne suis pas une gamine, lança la gamine en question. Mais c’est vrai que j’ai un cadeau pour toi.

-          Vraiment ? rougit Noël.

-          Oui, oui. N’écoute pas cette conne, elle ne s’est jamais remise de son prénom. Mange donc un des petits gâteaux au miel que j’ai préparés pour ma mère-grand. Tu m’en diras des nouvelles.

-          Hum. A ta place, franchement, j’éviterais, intervint la fée.

-          Ça tombe bien, j’ai la dalle », répondit Noël sans écouter les conseils avisés pour une fois de Lation.

Il dégusta le biscuit et…

« Mais mais… Que m’arrive-t-il ? demanda-t-il au chaperon rouge dont le visage s’éclairait d’un mauvais sourire. J’ai une furieuse envie de te prendre sur mes genoux.

-          Voilà ce qui arrive quand on ne m’écoute pas, grommela Lation. Maintenant, elle va dire partout que tu es un pourchasseur d’enfants (1). Et son grand jeu, c’est de lancer à tes trousses tous les limiers du comté pour te tuer.

-          Hein ???

-          Ben oui ! Pourquoi tu crois que je t’avais dit d’éviter le rouge ? Bon, j’avoue que je ne le savais pas moi-même, mais il y avait une raison, la preuve !

-          Mais non, tu ne risques rien, grinça le chaperon rouge. Ma grand-mère mange de mes gâteaux et il ne lui arrive jamais rien.

-          Toi, dégage ! intima la fée. Je ne t’oublierai pas. T’inquiète.

-          Blablabla… Ce que les fées me fatiguent ! fit Rouge en reprenant sa route.

-          Bon, à nous deux. J’ai bien une idée mais je ne suis pas sûre qu’elle t’intéresse.

-          Dépêche ! Je vais lui courir après sinon, pour la prendre sur mes genoux et lui offrir plein de trucs !

-          C’est pire que je ne croyais… »

La fée se concentra quelques instants, et en un tour de baguette magique, elle lança un sort qu’elle venait d’inventer. Noël se transforma alors en ce personnage que nous connaissons tous.

« Voilà. Tu n’avais pas de but dans la vie, maintenant, tu en as un : offrir des cadeaux à tous les enfants que tu croiseras.

-          Tous les jours ?! Et comment ? Avec quoi ?

-          Alors, nous sommes le 24 décembre, on va caser ça avec la période du solstice d’hiver, histoire que les gens n’aient pas peur, et puis… »

Patiemment, la fée expliqua au Père Noël comment procéder, où aller, et où trouver son chariot et ses rennes.

« Attends une minute, l’arrêta Noël. Je vais pas passer ma vie à faire ça tout seul hein !

-          Surtout que ta vie va être un peu immortelle, bredouilla Lation.

-          QUOI !!!

-          Je viens de me rendre compte que j’ai un peu merdé dans mon sort. J’ai confondu immortel et …

-          Mais je m’en carre !

-          Ouais bon, on va arranger ça. Mais tu devrais y aller. Je vais te trouver une Mère Noëlle. »

Etrangement, le Père Noël se sentait tout disposé à gâter les enfants, tous les enfants, même les plus méchants. Il avait le sentiment que justement, s’il ne le faisait pas, il serait comme vide. C’était plus fort que lui.

La fée réfléchit un instant. Puis sourit.

« Il ne fallait pas me chercher ! »

Après tout, elle avait déjà la couleur, cette petite peste. Et elle lança son sort.

 

Moralité : méfiez-vous des gamines qui chantent dans les bois, vous risquez de finir au poste ou en Père Noël. Et encore, pour ce qui est du Père Noël, encore faut-il qu’une fée nommée Lation se soit penchée sur votre berceau…

  

 

 

 

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Commenter cet article
E
Un plaisir d'être appréciée :)
M
un conte ma foi fort sympathique, jeune connaissance ;)
P
Ce mélange plein d'humour d'Alice et du chaperon rouge, c'est croquant et amusant
Q
Sourire...<br /> <br /> C'est une belle histoire !<br /> <br /> Passe de belles fêtes de fin d'année !
E
Hicham, je vais finir par en préparer un :)) Plein de bisous ptit loup :)<br /> <br /> Ptit Prince, des bisous en retour aussi. :)