Invincibilité enfantine...
C’est désormais évident : mon fils est vraiment un voyou en culottes courtes. Souvenez-vous, il voulait acheter une WII avec des faux sous. Je m’étais dit que c’était son côté système D pour avoir ce qu’il voulait. Que ça ne portait pas à conséquences.
Las ! Manifestement, ça va être plus compliqué que ça. Je m’explique. (non, il n’a rien volé. Ce serait le bouquet…)
Depuis toujours, enfin depuis qu’il sait marcher, et s’exprimer, tout lui est prétexte à compétition. Surtout avec sa sœur qui, fatalement, est plus grande et plus forte que lui. Ce qui nous donne des crises parce qu’il ne supporte pas de perdre : le premier à la voiture quand je les ramène de l’école, le premier à table, le gagnant sur des jeux DS, etc. Aujourd’hui, ça se démocratise même à une compétition avec d’autres. Par exemple, un voisin, frère de l’amie de Juju, qui à 13 ou 14 ans. Le jeune garçon est comme mon fils, un passionné de jeux. Il a une DS, et en plus, lui, il connaît les codes spéciaux des jeux auxquels il joue. L’autre jour, lui et Robin font quelques parties que, bien entendu, mon fils perd. Je l’entends pleurer à gros bouillons. Pensant alors qu’il faisait du vélo devant la maison, je me précipite et je vois ma brochette habituelle de gamins sur le pas de ma porte. Dont mon fils, complètement désespéré.
J’avise les autres et je demande ce qui se passe.
« Il pleure parce qu’il a perdu, répond le jeune ado sans lever les yeux de sa DS. Il ne veut pas attendre que je lui montre…
- Ok. Robin, tu sais qu’on ne pleure pas parce qu’on perd à un jeu, enfin !
- Oui mais, hoquète-t-il, mais… Je suis pas invincible !!! » explique-t-il en se remettant à pleurer de plus belle.
Ah tiens, un nouveau mot pour mon monstre, pensé-je. Finalement, la DS n’a pas que des mauvais côtés…
« Mais enfin, mon cœur, regarde : Julien est plus grand que toi, beaucoup plus grand ! C’est normal qu’il connaisse plus de choses que toi !
- Mais je veux être invincible aussi moi !
- Robin, si tu continues à pleurer pour ça, je confisque la DS et tu vas te calmer dans ta chambre. C’est bien compris ? »
J’avoue, je n’aime pas qu’il se mette dans cet état pour si peu. Il faut bien qu’il apprenne qu’il y a des choses de moindre importance, et que pour ce qui est jeu, comme le disait un certain Baron, ‘l’essentiel, c’est de participer’...
« Attends, Robin, j’ai presque fini, je vais te montrer, lui dit Julien, compatissant.
- Robin, tu as compris ce que je t’ai dit ?
- Oui Maman, répond-il d’une toute petite voix en se remettant assis à côté de son nouveau mentor.
- Merci Julien, lancé-je avant de remonter à mes écrits.
- De rien. »
Juste avant le repas du soir, alors que les deux monstres sont baignés, et attendent le repas, je prends mon fils à part quelques instants.
« Tu sais Robin, on ne peut pas toujours gagner !
- En fait, si. On peut.
- Mais non mon cœur. C’est bien de vouloir gagner. Mais il faut aussi apprendre à perdre… »
Là, mon gamin me regarde avec un sourire qui monte jusqu’à ses yeux :
« Ben non, il faut juste apprendre à tricher. »
Vous auriez répondu quoi, à ma place ?... De toute façon, je n’ai pas eu le temps de répondre. Il a filé dans sa chambre jouer avec ses voitures. La seule chose qui m’ait rassurée, c’est que son sourire montrait qu’il savait qu’il ne disait pas ce qu’il fallait…
Finalement, avant d’être sûre que mon monstre est un délinquant très très juvénile, je préfère encore me dire pour le moment qu’il a surtout un solide sens de l’humour. Non ?