[Nouvelle] Mondes Oubliés [4/?]
« Holà ! fit l’aide-soignant en le retenant de justesse. M’ieur Ponti, ça va ? Je vais vous raccompagner dans votre chambre.
- Inutile, tenta de protester Mat, ce n’est qu’un vertige. Je retrouverai ma…
- Je ne peux pas vous laisser remonter tout seul, je vous ramène, le coupa son interlocuteur, en raffermissant son étreinte autour de la taille du convalescent.
- Je ne comprends pas ce qui m’a pris. Je me sens bien pourtant…
- Vous savez, vous avez quand même vécu quelque chose de pas banal… Normal que votre corps vous intime de vous reposer !
- Mouais… fit Mat peu convaincu.
- Vous verrez, d’ici la fin de la semaine, vous serez tout à fait remis. Faites-nous confiance ! ajouta l’aide-soignant avec un grand sourire.
- Nous ? interrogea Matteo, surpris.
- Ben oui, nous, le personnel médical, quoi !
- Ah oui, pardon… »
Il leur fallut peu de temps pour arriver au 34B.
« Voilà, vous y êtes. Profitez-en pour vous reposer surtout. Et si vous avez besoin de quoi que ce soit, appelez, ou même demandez-moi : je suis de nuit aujourd’hui.
- Parce que vous êtes à mon étage ?
- Oui M’sieur.
- Très bien… Mais avec tout ce que j’ai dormi ces derniers temps, je ne suis pas sûr que…
- Je suis convaincu que vous pouvez trouver le sommeil. Ou du moins laisser le sommeil vous trouver… Quand j’ai du mal à m’endormir, je ferme les yeux, et je pense à des souvenirs agréables, à des images apaisantes. Je suis certain que vous en avez, vous aussi. Essayez !
- De toute façon, je n’ai pas vraiment le choix, n’est-ce pas ?
- Bah, vous avez la télé sinon. Mais à cette heure-ci, il n’y aura pas grand chose.
- Non, en effet, je ne suis pas très télé… Je vais essayer de laisser le sommeil me trouver, comme vous dites, soupira Mat. Et merci de m’avoir raccompagné !
- Je vous en prie. C’est tout naturel », sourit l’interne avant de se diriger vers la porte.
Au moment où il allait sortir, Mat lui posa encore une question :
« Je ne sais même pas votre nom !
- Alex.
- Merci Alex ! A plus tard !
- Oui, à tout à l’heure… »
Il refermea doucement la porte sur lui, laissant Matteo dans le silence ouaté de sa chambre. Il était sûr d’avoir entendu cette voix. Sûr et certain. Mais ça ne pouvait qu’être une coïncidence : après tout, il n’était plus sous l’eau, mais revenu sur la terre ferme. D’ailleurs, ça le ramenait à une autre problématique : comment expliquer ce qui lui était arrivé, sans qu’on le prenne pour un fou ?
Le sommeil le fuyant, ou lui fuyant le sommeil, il chercha dans les affaires que lui avaient ramenées Caro s’il n’y avait pas un bloc-notes. Il sourit en constatant qu’elle y avait pensé et se mit immédiatement à écrire. Il jeta sur le papier tout ce qui lui était arrivé, ou du moins tout ce dont il se souvenait. Après tout, à défaut d’être crû, il pourrait faire passer ça pour une nouvelle de SF ou de fantasy… Et ça lui permettrait peut-être d’y voir un peu plus clair.
Alors qu’il relisait ce qu’il avait écrit, quelques heures plus tard, on frappa discrètement à sa porte. Mat jeta un coup d’œil à sa montre et constata qu’il était presque 23h.
« Entrez !
- J’ai vu de la lumière, je me suis dit que vous aimeriez peut-être une boisson chaude, sourit Alex qui tenait un plateau.
- Ah, merci.
- Alors ? Toujours pas fatigué ?
- Non, toujours pas. Cela dit, c’est souvent comme ça quand j’écris : je ne vois pas le temps passer…
- Et vous avez écrit sur quoi, si ce n’est pas indiscret ?
- Disons que dans la mesure où ce n’est pas terminé, je préfère garder le sujet pour moi…
- Pas de problème. Bon, je vais retourner à mon poste. Vous n’avez besoin de rien ?
- Non, non. Merci. Au cas où, je sonne », termina Mat en souriant.
Alex quitta la chambre.