[Nouvelle] Mondes oubliés [2/?]
Lorsqu’il ouvrit les yeux, il eut du mal à croire qu’il était réveillé. Au plafond, une fresque magnifique semblait raconter une histoire. Il s’assit prudemment et découvrit que des vitres l’entouraient. Il se sentit comme dans un vivarium. Ou un aquarium, corrigea-t-il mentalement. Il parvint à se lever, et s’approcha d’une des vitres. En posant ses deux mains à sa surface, il constata sa réalité… Il aurait juré qu’il était dans un caisson étanche au fond d’une mer dont la pureté ne laissait pas un doute à ses yeux.
« Et pourtant ! soupira la voix. La pureté est quelque chose de plus en plus rare dans votre nature. Dans ce que vos semblables en ont fait…
- Où êtes-vous ? interrogea Mat. J’ai les yeux ouverts, cette fois, mais je ne vous vois pas.
- Encore un peu de patience…
- Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Où sommes-nous enfin !
- Nous sommes quelque part au fond de l’océan Atlantique.
- Mais mais… C’est impossible ! s’écria le jeune homme, effaré.
- Tiens ? Et pourquoi ?
- Parce que je suis tombé près du bord. Et que personne ne peut vivre au fond de l’eau !
- Pourquoi personne ne pourrait vivre au fond de l’eau ? Parce que vous ête persuadés, vous les humains, d’être les seules créatures douées de conscience ?
- Heu…
- Vous voyez, vous n’avez aucune certitude. Simplement, puisque vous ne savez pas, forcément, ça n’existe pas !
- Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire…
- Alors qu’avez-vous voulu dire ?
- Comment est-ce possible ?
- C’est une longue histoire, Mattéo… Nous ne sommes pas certains que cela vous intéresse et que cela nous serait utile que vous sachiez. Après tout, le savoir est pouvoir. Et il est certains pouvoirs qui sont dangereux. Particulièrement à la surface. En ce moment… »
Un moment de silence s’installa. Mat regardait le fond de la mer qui, bizarrement, semblait rayonner de toutes les lumières possibles et imaginables. Des poissons multicolores passaient par bancs entiers, témoins d’une vie active des grands fonds marins. Tout respirait, il ne put s’empêcher de sourire à l’image, tout respirait une sérénité qu’il n’avait jamais perçue sur la terre ferme…
« Dites-moi, reprit-il, pourquoi ne parlez-vous jamais à la première personne ?
- Comment cela ? s’étonna la voix.
- Vous ne dites jamais ‘je’. Toujours ‘nous’…
- Parce qu’ici, le ‘je’ n’existe pas. Nous existons depuis toujours. Et nous existerons toujours.
- Je veux bien croire que vous avez des dons extraordinaires manifestement, mais de là à être éternels…
- Ce qu’il faut comprendre c’est que l’individu n’est rien. Seule compte la communauté. Et quoique vous en pensiez, la notion de ‘nous’ survivra à tout, même si nos vies sont appelées à se renouveler.
- Se renouveler ?
- Bien sûr. Quand une vie arrive à son terme, une autre la remplace. Toujours pour que le nous soit complet…
- Me direz-vous qui vous êtes ?
- La question est vaste. Aussi vaste qu’il existe d’êtres vivants dans l’univers je suppose.
- Vous y allez fort tout de même…
- Vous n’êtes pas prêt à comprendre… Nous allons vous ramener vers les vôtres. Ici, s’achève notre devoir avec vous.
- Votre devoir ?
- Oui. Tout être qui voit l’île, comme vous l’avez vue, est un être que l’on doit sauver.
- Vous ne trouvez pas que ça fait un peu secte, exprimé comme ça ?
- Qu’appelez-vous une secte ?
- Un mouvement dangereux, dogmatique, qui n’admet aucune atlernative que ses propres vues sur les choses.
- Comme vos religions donc ? »
Un nouveau silence. Mattéo avait la désagréable sensation que son interlocuteur le pousserait dans ses derniers retranchements. Pourtant, une autre impression se dégageait, mais il ne savait pas s’il s’agissait de sagesse, ou d’une grande forme de naïveté.
« Ni l’un, ni l’autre, reprit la voix.
- S’il vous plaît, vraiment, arrêtez de faire ça.
- C’est impossible. Mais il est possible que nous fassions comme si nous ne vous entendions pas…
- Merci. Pourquoi devais-je être sauvé ? Pourquoi moi ?
- Parce que c’est ainsi. C’est notre loi. Suivant d’antiques prédictions.
- Vous croyez aux prédictions ? Avec vos talents ?
- Cela fait également partie de nous. Il ne s’agit pas de croire ou de ne pas croire. C’est. Et ça nous suffit.
- Et que disent ces prédictions ? »
Un bruit de fond lui apprit que contrairement aux apparences, son interlocuteur n’était pas seul et que, comme la veille, ils étaient plusieurs. C’était un léger brouhaha diffus, et il eut beau tourner la tête pour chercher du regard un détail qui lui montrerait… quelque chose, à défaut de savoir quoi, il ne put définir quoique ce soit…
« Pour cela, il faudrait vous raconter une grande partie de l’histoire. Et vous n’êtes pas prêt, affirma la voix pour la seconde fois… Nous allons vous ramener à la surface.
- Dites-moi au moins comment s’appelle votre peuple ? Et cette île !
- Ce n’est pas possible. Mais nous sommes appelés à nous revoir… En attendant, vous allez vous rendormir.
- Mais… »
Mat n’eut pas le temps de finir son observation qu’il sombra à nouveau dans l’inconscience…
« Et pourtant ! soupira la voix. La pureté est quelque chose de plus en plus rare dans votre nature. Dans ce que vos semblables en ont fait…
- Où êtes-vous ? interrogea Mat. J’ai les yeux ouverts, cette fois, mais je ne vous vois pas.
- Encore un peu de patience…
- Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Où sommes-nous enfin !
- Nous sommes quelque part au fond de l’océan Atlantique.
- Mais mais… C’est impossible ! s’écria le jeune homme, effaré.
- Tiens ? Et pourquoi ?
- Parce que je suis tombé près du bord. Et que personne ne peut vivre au fond de l’eau !
- Pourquoi personne ne pourrait vivre au fond de l’eau ? Parce que vous ête persuadés, vous les humains, d’être les seules créatures douées de conscience ?
- Heu…
- Vous voyez, vous n’avez aucune certitude. Simplement, puisque vous ne savez pas, forcément, ça n’existe pas !
- Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire…
- Alors qu’avez-vous voulu dire ?
- Comment est-ce possible ?
- C’est une longue histoire, Mattéo… Nous ne sommes pas certains que cela vous intéresse et que cela nous serait utile que vous sachiez. Après tout, le savoir est pouvoir. Et il est certains pouvoirs qui sont dangereux. Particulièrement à la surface. En ce moment… »
Un moment de silence s’installa. Mat regardait le fond de la mer qui, bizarrement, semblait rayonner de toutes les lumières possibles et imaginables. Des poissons multicolores passaient par bancs entiers, témoins d’une vie active des grands fonds marins. Tout respirait, il ne put s’empêcher de sourire à l’image, tout respirait une sérénité qu’il n’avait jamais perçue sur la terre ferme…
« Dites-moi, reprit-il, pourquoi ne parlez-vous jamais à la première personne ?
- Comment cela ? s’étonna la voix.
- Vous ne dites jamais ‘je’. Toujours ‘nous’…
- Parce qu’ici, le ‘je’ n’existe pas. Nous existons depuis toujours. Et nous existerons toujours.
- Je veux bien croire que vous avez des dons extraordinaires manifestement, mais de là à être éternels…
- Ce qu’il faut comprendre c’est que l’individu n’est rien. Seule compte la communauté. Et quoique vous en pensiez, la notion de ‘nous’ survivra à tout, même si nos vies sont appelées à se renouveler.
- Se renouveler ?
- Bien sûr. Quand une vie arrive à son terme, une autre la remplace. Toujours pour que le nous soit complet…
- Me direz-vous qui vous êtes ?
- La question est vaste. Aussi vaste qu’il existe d’êtres vivants dans l’univers je suppose.
- Vous y allez fort tout de même…
- Vous n’êtes pas prêt à comprendre… Nous allons vous ramener vers les vôtres. Ici, s’achève notre devoir avec vous.
- Votre devoir ?
- Oui. Tout être qui voit l’île, comme vous l’avez vue, est un être que l’on doit sauver.
- Vous ne trouvez pas que ça fait un peu secte, exprimé comme ça ?
- Qu’appelez-vous une secte ?
- Un mouvement dangereux, dogmatique, qui n’admet aucune atlernative que ses propres vues sur les choses.
- Comme vos religions donc ? »
Un nouveau silence. Mattéo avait la désagréable sensation que son interlocuteur le pousserait dans ses derniers retranchements. Pourtant, une autre impression se dégageait, mais il ne savait pas s’il s’agissait de sagesse, ou d’une grande forme de naïveté.
« Ni l’un, ni l’autre, reprit la voix.
- S’il vous plaît, vraiment, arrêtez de faire ça.
- C’est impossible. Mais il est possible que nous fassions comme si nous ne vous entendions pas…
- Merci. Pourquoi devais-je être sauvé ? Pourquoi moi ?
- Parce que c’est ainsi. C’est notre loi. Suivant d’antiques prédictions.
- Vous croyez aux prédictions ? Avec vos talents ?
- Cela fait également partie de nous. Il ne s’agit pas de croire ou de ne pas croire. C’est. Et ça nous suffit.
- Et que disent ces prédictions ? »
Un bruit de fond lui apprit que contrairement aux apparences, son interlocuteur n’était pas seul et que, comme la veille, ils étaient plusieurs. C’était un léger brouhaha diffus, et il eut beau tourner la tête pour chercher du regard un détail qui lui montrerait… quelque chose, à défaut de savoir quoi, il ne put définir quoique ce soit…
« Pour cela, il faudrait vous raconter une grande partie de l’histoire. Et vous n’êtes pas prêt, affirma la voix pour la seconde fois… Nous allons vous ramener à la surface.
- Dites-moi au moins comment s’appelle votre peuple ? Et cette île !
- Ce n’est pas possible. Mais nous sommes appelés à nous revoir… En attendant, vous allez vous rendormir.
- Mais… »
Mat n’eut pas le temps de finir son observation qu’il sombra à nouveau dans l’inconscience…
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