Ecrire pour ne pas dire
Les mots se bousculent et s’accumulent
Loin de la justesse du ton sans virgule…
Envie de parler, de dire, d’exprimer,
Sans pouvoir briser mes silences obstinés…
L’entonnoir étroit de mes pensées vagabondes
S’ouvre à toute heure, laissant choir une sonde
Chargée de dénouer le bon grain de l’ivraie
Afin d’en distiller quelques mots déliés…
C’est ainsi que souvent naissent au gré des humeurs
Quelques tranches de vie, filles de mes rancœurs,
Ou quelques instants choisis, fils de mes bonheurs,
Sans que je ne puisse vraiment trier la couleur…
Les mots se bousculent et s’accumulent
Loin de la justesse du ton sans virgule…
Envie de parler, de dire, d’exprimer,
Sans pouvoir briser mes silences obstinés…
A défaut donc de les lâcher tout haut ces mots,
Je laiss’ la plume les écrire, en les voulant beaux…
Toujours ils servent d’exutoir’, de pis aller,
Comme un autocuiseur sur le point d’exploser.
Ces lettres jetées en vrac sur une page blanche
Ont cette vertu particulière et tell’ment franche
De me permettre de faire comme si tout était dit
Alors même que rien, dans l’air, n’a jailli
Les mots se bousculent et s’accumulent
Loin de la justesse du ton sans virgule…
Envie de parler, de dire, d’exprimer,
Sans pouvoir briser mes silences obstinés…