[Fable] Je Tu Il
Pour Hicham, parce qu'il m'a "obligée" à mettre cette fable en ligne :D
(Jeu Tue Il? Je Tue Il? Je Tus Il? allez savoir...)
(Jeu Tue Il? Je Tue Il? Je Tus Il? allez savoir...)
Un Je déambulait nonchalamment au gré de ses humeurs, se glorifiant de ce qu’il était, à savoir justement… un Je…
Il avait tout vu, tout fait, tout appris, en particulier sur la manière d’être des autres Tu qu’il avait été amené à croiser tout au long de son existence. Il se payait même le luxe de les avoir compris, fort de son écoute et de la qualité de son attention sur ce qui lui était confié…même si sa légendaire modestie lui interdisait de s’en vanter…
Pourtant, malgré ces victoires dont il était si sûr, une vague impression de vide le tourmentait… comme si ce Je avait raté quelque chose d’important, pour ne pas dire d’essentiel…
Balayant la pensée importune d’un geste agacé, il poursuivait sa route, toujours aussi certain de la solidité des bases de ses… certitudes…
Un autre Je, moins éclatant mais tout aussi confiant en son propre savoir, se promenait tranquillement là où le menaient ses envies, sans trop penser aux autres Tu qui n’étaient finalement que des étrangers à sa petite vie confortable qu’il affirmait pourtant sans à priori…
Ce Je, très satisfait également de tout ce qu’il avait appris tout au long de sa vie, ne cherchait pas à s’embarrasser d’une chose qui ne lui semblait d’aucune utilité, à savoir l’expérience des autres Tu, forcément bien moins avancés que lui, et donc absolument obsolètes quant à ses désirs personnels… Après tout, si les autres Tu ne lui permettaient pas d’évoluer, c’est qu’il n’en avait pas besoin, ni d’évoluer, puisque déjà très élevé, ni des autres qui ne risquaient que de lui faire perdre son temps si précieux…
Ce qui devait arriver arriva :
Le premier Je rencontra le second Je…
Pour chacun l’autre était tout sauf un Je… l’autre était un Tu…
Le premier Je, particulièrement condescendant toisa avec une fausse aménité le second, et lui demanda :
« Tu sais, Je peux sans doute t’aider… »
L’autre, surpris et irrité, sursauta :
« Tu sais, Je n’ai rien à apprendre… »
Décontenancé, autant que le second était irrité, le premier Je trouva gonflée la prétention de ce Tu à s’approprier son Je si longtemps préservé et l’observa attentivement avant de lâcher :
« Tu n’as aucun droit de dire Je, tu n’es qu’un Tu !! »
L’autre de plus en plus fâché lui retourna dans la seconde :
« Mais de quel droit parles-tu à ma place ?? »
S’ensuivit une terrible dispute entre les deux Je, entre les deux sourds…
Intervint alors une troisième voix , plus fluette, mais tellement plus claire, qui parla en ces termes :
Je déposerai mon fardeau égocentrique
Au pied de mon orgueil fantasmagorique
Et je retrouverai la légèreté de l’Ame
Celle sans qui finalement je ne suis que blâme…
Blâme des autres, reflet miroir de mon Je,
Puisqu’aussi bien, c’est de l’Humain l’apanage,
Blâme du Je calimérotesque et vil
Qui en oublie que lui non plus n’est pas subtil…
Je, Moi, lui, vous, eux, pronoms si souvent usés,
A tort ou à raison, toujours réemployés,
Alors que l’on forme, il me semble, un grand Tout,
Et si le seul qui soit vrai en fait, c’était Nous ?
Les deux Je s’arrêtèrent net…et d’un seul Je lui tordirent le cou…
Si entre Je, il est question de Nous, mais franchement, où va le monde !!!
Quoiqu’à tout bien considérer, en s’unissant ainsi, les deux Je n’ont-ils pas fait un Nous ?
Il avait tout vu, tout fait, tout appris, en particulier sur la manière d’être des autres Tu qu’il avait été amené à croiser tout au long de son existence. Il se payait même le luxe de les avoir compris, fort de son écoute et de la qualité de son attention sur ce qui lui était confié…même si sa légendaire modestie lui interdisait de s’en vanter…
Pourtant, malgré ces victoires dont il était si sûr, une vague impression de vide le tourmentait… comme si ce Je avait raté quelque chose d’important, pour ne pas dire d’essentiel…
Balayant la pensée importune d’un geste agacé, il poursuivait sa route, toujours aussi certain de la solidité des bases de ses… certitudes…
Un autre Je, moins éclatant mais tout aussi confiant en son propre savoir, se promenait tranquillement là où le menaient ses envies, sans trop penser aux autres Tu qui n’étaient finalement que des étrangers à sa petite vie confortable qu’il affirmait pourtant sans à priori…
Ce Je, très satisfait également de tout ce qu’il avait appris tout au long de sa vie, ne cherchait pas à s’embarrasser d’une chose qui ne lui semblait d’aucune utilité, à savoir l’expérience des autres Tu, forcément bien moins avancés que lui, et donc absolument obsolètes quant à ses désirs personnels… Après tout, si les autres Tu ne lui permettaient pas d’évoluer, c’est qu’il n’en avait pas besoin, ni d’évoluer, puisque déjà très élevé, ni des autres qui ne risquaient que de lui faire perdre son temps si précieux…
Ce qui devait arriver arriva :
Le premier Je rencontra le second Je…
Pour chacun l’autre était tout sauf un Je… l’autre était un Tu…
Le premier Je, particulièrement condescendant toisa avec une fausse aménité le second, et lui demanda :
« Tu sais, Je peux sans doute t’aider… »
L’autre, surpris et irrité, sursauta :
« Tu sais, Je n’ai rien à apprendre… »
Décontenancé, autant que le second était irrité, le premier Je trouva gonflée la prétention de ce Tu à s’approprier son Je si longtemps préservé et l’observa attentivement avant de lâcher :
« Tu n’as aucun droit de dire Je, tu n’es qu’un Tu !! »
L’autre de plus en plus fâché lui retourna dans la seconde :
« Mais de quel droit parles-tu à ma place ?? »
S’ensuivit une terrible dispute entre les deux Je, entre les deux sourds…
Intervint alors une troisième voix , plus fluette, mais tellement plus claire, qui parla en ces termes :
Je déposerai mon fardeau égocentrique
Au pied de mon orgueil fantasmagorique
Et je retrouverai la légèreté de l’Ame
Celle sans qui finalement je ne suis que blâme…
Blâme des autres, reflet miroir de mon Je,
Puisqu’aussi bien, c’est de l’Humain l’apanage,
Blâme du Je calimérotesque et vil
Qui en oublie que lui non plus n’est pas subtil…
Je, Moi, lui, vous, eux, pronoms si souvent usés,
A tort ou à raison, toujours réemployés,
Alors que l’on forme, il me semble, un grand Tout,
Et si le seul qui soit vrai en fait, c’était Nous ?
Les deux Je s’arrêtèrent net…et d’un seul Je lui tordirent le cou…
Si entre Je, il est question de Nous, mais franchement, où va le monde !!!
Quoiqu’à tout bien considérer, en s’unissant ainsi, les deux Je n’ont-ils pas fait un Nous ?