1er extrait de l'Arc d'Eros
Chapitre Premier
C’est un 14 février que tout a commencé.
Ce jour de Saint Valentin, je pestais, comme tous les ans, contre les « fêtes » devenues incontournables pour ne pas dire obligatoires, comme Noël, la fête des mères, des pères, des grand’mères et autre journée de la femme (comme si nous avions besoin qu’on nous aide à nous souvenir des gens qu’on aime).
Je décidai donc, que je n’étais pas concernée et vaquais à mes occupations, comme de juste, pour un samedi (je somnolais donc devant mon pc cherchant des blogs intéressants et percutants, chose rarissime, vous en conviendrez, tandis que mes enfants se délectaient des tortues ninja et chantaient à tue-tête la chanson du générique)(ce que je préfère aux Télétubbies, je l’avoue sans fausse honte)(on chantait bien l’île aux enfants nous)(je commencerai à m’inquiéter lorsque ma fille se prendra pour une tortue géante et que son frère s’imaginera en rat démesuré)(ou l’inverse)(bref)
Tout à coup, le temps se figea. Un silence complet régna dans ma maison ce qui en soi est déjà assez flippant quand on sait que ça n’arrive que lorsque j’envoie mes enfants chez leurs grand-parents ou ailleurs. Interloquée, je levai les yeux de mon écran et regardai par la fenêtre : rien ne bougeait dehors. Naturellement mon regard se porta sur l’horloge, et je m’aperçus que la trotteuse n’avançait plus : il était 10h13 et 27 secondes.
Une voix douce me fit sursauter, juste derrière moi :
« Ma Dame, vous souhaitiez me voir ? »
Mon esprit rationnel et cartésien en prit un sacré coup. Lentement, je me retournai pour faire face à un éphèbe frais émoulu de chez Grec and Co : une beauté à vous couper le souffle (que j’ai eu du mal à reprendre d’ailleurs), les cheveux noirs, un sourire narquois au coin de ses lèvres fines, le regard sombre, accrocheur et accrochant, des mains à faire pâlir un pianiste, un corps à première vue délié et dévoué aux plaisirs sous toutes ses formes.
Mon premier moment de stupeur passé, qui a duré sans doute quelques secondes (mais dans la mesure où le temps était figé, ça a tout aussi bien pu être une éternité), je fermai la bouche et essuyai la bave qui menaçait de couler le long de mon menton. Je me redonnai rapidement une contenance en allumant une cigarette.
« Ma Dame, vous souhaitiez me voir ? répéta-t-il, en prenant place sur le canapé, en homme qui a l’habitude qu’on ne lui refuse rien.
- Cela dépend de qui vous êtes, parvins-je enfin à articuler
- Mais voyons, depuis plusieurs années, vous dites à qui veut l’entendre que vous aimeriez me casser les bras et me brûler les ailes. Qui voulez-vous donc que je sois ?
- Une chimère ? marmonnai-je pour tenter de croire que j’étais victime d’une hallucination passagère qui me mènerait tout droit en cure de repos.
- Essayez encore, me sourit-il, dévoilant une dentition impeccable.
- Éros, j’ai très bien compris qui vous êtes, finis-je par laisser tomber.
- Vous gagnez un baiser, annonça-t-il en se levant.
- Minute papillon ! protestai-je en reculant, je ne suis pas celle que vous croyez ! J’ai deux ou trois choses à vous dire, en effet, pour que vous me fichiez la paix une fois pour toutes. »
Sans se départir de son sourire, il se rassit mais je pus lire dans ses yeux une interrogation surprise. Sans doute n’avait-il pas l’habitude qu’on le repousse sans autre forme de procès.
« Je vous écoute, j’ai tout mon temps », fit-il en vissant son regard au mien et en reprenant place.
Sur ce terrain-là, j’ai beau être d’une force certaine, me trouver face au Maître en la matière avait de quoi me décontenancer, en particulier dans la mesure où je ne parvenais pas à croire que ce que je vivais était bien réel.
Je détachai donc mes yeux des siens, au prix je l’avoue d’un effort quasi surhumain, et m’approchai du bar :
« Je vous offre quelque chose à boire ?
- Un peu de Nectar serait le bienvenu. »
Ben voyons ! Du Nectar ! Il se croyait encore sur l’Olympe.
« Désolée, je vous rappelle que sur Terre, le Nectar n’est plus en vente libre, dis-je sarcastique.
- Pardonnez-moi, l’habitude, répondit-il sur un ton d’excuse, je prendrai ce que vous vous servirez. »
Je servis donc deux verres de Baileys, et lui en tendis un avant de m’asseoir en face de lui.
« Puisque vous parlez d’habitude, nous allons donc commencer par là, dis-je.
- Fort bien, cela me convient.
- Tout d’abord, expliquez-moi un peu à quoi ça rime de tirer des flèches dans tous les sens depuis des millénaires, et de ne jamais prendre soin de viser ou de vous interroger sur le fait que vos victimes ont déjà eu affaire à vos « bons » services ? demandai-je aimablement, tout en essayant de me rappeler ce que j’avais bien pu faire de mon arsenic… avant de me souvenir que je n’en avais jamais acheté.
- Si je comprends bien le sens de votre question, vous voulez savoir ce qui est seul connu des Dieux ?
- La vérité, c’est tout ce que je demande en premier lieu.
- Si la Mort venait vous rendre visite, lui poseriez-vous la question ?
- Je doute fort que la Mort prenne le temps de m’entendre, et le sujet n’est pas là.
- Que vous croyez ! Pourquoi croyez-vous que l’on appelle la jouissance ‘Petite Mort’ », sourit-il encore avant de lever son verre en ma direction et de le porter à ses lèvres.
J’avalai posément une gorgée de Baileys en soutenant cette fois son regard. J’avais repris assez de forces pour jouer sur le même terrain que lui, dussè-je y laisser des plumes que je n’avais pas.
Un long moment de silence s’installa, qu’il rompit le premier :
« Ma Chère, vous me semblez singulièrement muette pour quelqu’un qui, dans ses mots, donnait la part belle à la vindicte et à la provocation ! Comment, je vous donne l’occasion d’une explication et vous ne savez plus quoi me dire ? » lança-t-il, avec une fatuité qui mit un terme à son charisme hors norme.
Je repris enfin réellement le pouvoir de mes sens et de mon esprit :
« Merci de vous montrer tel que vous êtes, énonçai-je le plus aimablement du monde, nous allons faire une chose.
- Ah oui ? Laquelle ? » s’enquit-il, un air de gourmandise presque vulgaire défigurant ses traits.
Je pris tout mon temps pour répondre, croisant mes jambes nues devant son air décidément trop suffisant de celui à qui on ne se refuse jamais :
« Repassez demain, j’aurais préparé mon cahier de doléances. Vous pouvez disposer. »
Je crus qu’il allait s’étrangler avec sa dernière gorgée. Il se leva comme si on l’avait piqué et me lança un regard furieux :
« Je vois que vous ne savez pas saisir l’instant présent, vous me décevez ! Mais je reviendrai donc demain, ne serait-ce que pour vous montrer ce que vous manquez ! »
Lorsque je repris conscience, il était 10h13 et 27 secondes, j’étais en train d’écrire un sujet sur le 14 Février et j’avoue que rêver d’un type aussi beau que trop conscient de l’être, et donc particulièrement imbu de lui-même (plus que moi, c’est un exploit) m’avait laissé un goût d’inachevé.
Et je doutais franchement de rêver à nouveau le lendemain du même genre de visite…
Ce jour de Saint Valentin, je pestais, comme tous les ans, contre les « fêtes » devenues incontournables pour ne pas dire obligatoires, comme Noël, la fête des mères, des pères, des grand’mères et autre journée de la femme (comme si nous avions besoin qu’on nous aide à nous souvenir des gens qu’on aime).
Je décidai donc, que je n’étais pas concernée et vaquais à mes occupations, comme de juste, pour un samedi (je somnolais donc devant mon pc cherchant des blogs intéressants et percutants, chose rarissime, vous en conviendrez, tandis que mes enfants se délectaient des tortues ninja et chantaient à tue-tête la chanson du générique)(ce que je préfère aux Télétubbies, je l’avoue sans fausse honte)(on chantait bien l’île aux enfants nous)(je commencerai à m’inquiéter lorsque ma fille se prendra pour une tortue géante et que son frère s’imaginera en rat démesuré)(ou l’inverse)(bref)
Tout à coup, le temps se figea. Un silence complet régna dans ma maison ce qui en soi est déjà assez flippant quand on sait que ça n’arrive que lorsque j’envoie mes enfants chez leurs grand-parents ou ailleurs. Interloquée, je levai les yeux de mon écran et regardai par la fenêtre : rien ne bougeait dehors. Naturellement mon regard se porta sur l’horloge, et je m’aperçus que la trotteuse n’avançait plus : il était 10h13 et 27 secondes.
Une voix douce me fit sursauter, juste derrière moi :
« Ma Dame, vous souhaitiez me voir ? »
Mon esprit rationnel et cartésien en prit un sacré coup. Lentement, je me retournai pour faire face à un éphèbe frais émoulu de chez Grec and Co : une beauté à vous couper le souffle (que j’ai eu du mal à reprendre d’ailleurs), les cheveux noirs, un sourire narquois au coin de ses lèvres fines, le regard sombre, accrocheur et accrochant, des mains à faire pâlir un pianiste, un corps à première vue délié et dévoué aux plaisirs sous toutes ses formes.
Mon premier moment de stupeur passé, qui a duré sans doute quelques secondes (mais dans la mesure où le temps était figé, ça a tout aussi bien pu être une éternité), je fermai la bouche et essuyai la bave qui menaçait de couler le long de mon menton. Je me redonnai rapidement une contenance en allumant une cigarette.
« Ma Dame, vous souhaitiez me voir ? répéta-t-il, en prenant place sur le canapé, en homme qui a l’habitude qu’on ne lui refuse rien.
- Cela dépend de qui vous êtes, parvins-je enfin à articuler
- Mais voyons, depuis plusieurs années, vous dites à qui veut l’entendre que vous aimeriez me casser les bras et me brûler les ailes. Qui voulez-vous donc que je sois ?
- Une chimère ? marmonnai-je pour tenter de croire que j’étais victime d’une hallucination passagère qui me mènerait tout droit en cure de repos.
- Essayez encore, me sourit-il, dévoilant une dentition impeccable.
- Éros, j’ai très bien compris qui vous êtes, finis-je par laisser tomber.
- Vous gagnez un baiser, annonça-t-il en se levant.
- Minute papillon ! protestai-je en reculant, je ne suis pas celle que vous croyez ! J’ai deux ou trois choses à vous dire, en effet, pour que vous me fichiez la paix une fois pour toutes. »
Sans se départir de son sourire, il se rassit mais je pus lire dans ses yeux une interrogation surprise. Sans doute n’avait-il pas l’habitude qu’on le repousse sans autre forme de procès.
« Je vous écoute, j’ai tout mon temps », fit-il en vissant son regard au mien et en reprenant place.
Sur ce terrain-là, j’ai beau être d’une force certaine, me trouver face au Maître en la matière avait de quoi me décontenancer, en particulier dans la mesure où je ne parvenais pas à croire que ce que je vivais était bien réel.
Je détachai donc mes yeux des siens, au prix je l’avoue d’un effort quasi surhumain, et m’approchai du bar :
« Je vous offre quelque chose à boire ?
- Un peu de Nectar serait le bienvenu. »
Ben voyons ! Du Nectar ! Il se croyait encore sur l’Olympe.
« Désolée, je vous rappelle que sur Terre, le Nectar n’est plus en vente libre, dis-je sarcastique.
- Pardonnez-moi, l’habitude, répondit-il sur un ton d’excuse, je prendrai ce que vous vous servirez. »
Je servis donc deux verres de Baileys, et lui en tendis un avant de m’asseoir en face de lui.
« Puisque vous parlez d’habitude, nous allons donc commencer par là, dis-je.
- Fort bien, cela me convient.
- Tout d’abord, expliquez-moi un peu à quoi ça rime de tirer des flèches dans tous les sens depuis des millénaires, et de ne jamais prendre soin de viser ou de vous interroger sur le fait que vos victimes ont déjà eu affaire à vos « bons » services ? demandai-je aimablement, tout en essayant de me rappeler ce que j’avais bien pu faire de mon arsenic… avant de me souvenir que je n’en avais jamais acheté.
- Si je comprends bien le sens de votre question, vous voulez savoir ce qui est seul connu des Dieux ?
- La vérité, c’est tout ce que je demande en premier lieu.
- Si la Mort venait vous rendre visite, lui poseriez-vous la question ?
- Je doute fort que la Mort prenne le temps de m’entendre, et le sujet n’est pas là.
- Que vous croyez ! Pourquoi croyez-vous que l’on appelle la jouissance ‘Petite Mort’ », sourit-il encore avant de lever son verre en ma direction et de le porter à ses lèvres.
J’avalai posément une gorgée de Baileys en soutenant cette fois son regard. J’avais repris assez de forces pour jouer sur le même terrain que lui, dussè-je y laisser des plumes que je n’avais pas.
Un long moment de silence s’installa, qu’il rompit le premier :
« Ma Chère, vous me semblez singulièrement muette pour quelqu’un qui, dans ses mots, donnait la part belle à la vindicte et à la provocation ! Comment, je vous donne l’occasion d’une explication et vous ne savez plus quoi me dire ? » lança-t-il, avec une fatuité qui mit un terme à son charisme hors norme.
Je repris enfin réellement le pouvoir de mes sens et de mon esprit :
« Merci de vous montrer tel que vous êtes, énonçai-je le plus aimablement du monde, nous allons faire une chose.
- Ah oui ? Laquelle ? » s’enquit-il, un air de gourmandise presque vulgaire défigurant ses traits.
Je pris tout mon temps pour répondre, croisant mes jambes nues devant son air décidément trop suffisant de celui à qui on ne se refuse jamais :
« Repassez demain, j’aurais préparé mon cahier de doléances. Vous pouvez disposer. »
Je crus qu’il allait s’étrangler avec sa dernière gorgée. Il se leva comme si on l’avait piqué et me lança un regard furieux :
« Je vois que vous ne savez pas saisir l’instant présent, vous me décevez ! Mais je reviendrai donc demain, ne serait-ce que pour vous montrer ce que vous manquez ! »
Lorsque je repris conscience, il était 10h13 et 27 secondes, j’étais en train d’écrire un sujet sur le 14 Février et j’avoue que rêver d’un type aussi beau que trop conscient de l’être, et donc particulièrement imbu de lui-même (plus que moi, c’est un exploit) m’avait laissé un goût d’inachevé.
Et je doutais franchement de rêver à nouveau le lendemain du même genre de visite…