[Confinement] Nouveau passe-temps

J’ai trouvé un nouveau passe-temps.

Je n’abandonne pas l’écriture pour autant, puisque depuis le temps, c’est une prolongation de mes mains et de mon neurone hyperactif, mais à la place d’un clavier, j’ai pris des pinceaux.

Depuis quelques mois, ça me démangeait mais comme je suis une nullité absolue en dessin et que la dernière fois que j’ai peint, ça doit remonter au cours de dessin de Mme… heu je ne sais plus son nom, en 3^ème, et que j’ai vais dû avoir 5, comme souvent avec elle, je n’avais plus jamais essayé de recommencer. Et définitivement, ce n’est la faute de personne, même pas des profs de dessin que j’ai eus au collège: je ne sais juste pas dessiner.

Pourtant, là, ça me démangeait, comme en son temps la guitare démangeait un certain Yves Duteil (je vous parle d’un temps que les moins de 30 ans, tout ça, tout ça). Alors je m’y suis mise.

Avec ma fille d’un côté qui a un véritable don, elle, d’un côté, et un tuto sur le net de l’autre.

Un paysage, dans les tons que j’aime. Un tuto qu’il suffisait de suivre, Justine très appliquée de son côté. Et moi.

Bien évidemment, je n’ai pas été foutue de suivre le tuto, donc ça a donné un truc qui n’avait pas grand-chose à voir avec le résultat attendu mais j’ai fini par être un peu fière de mon barbouillage. Après tout c’était le premier.

J’ai réessayé hier, d’après une photo cette fois (puisque de toute façon je ne suis pas capable de suivre un tuto) et autant celui de Justine encore une fois est fidèle, autant cette fois le mien est juste digne d’une enfant de maternelle.

Franchement amusée bien plus que déçue par mon résultat miteux, vers une heure du matin, ne parvenant pas à dormir, je suis redescendue, seule, pour reprendre les pinceaux. Puisque ni le tuto, ni le modèle ne me servait à quelque chose, autant essayer sans rien d’autre que ma feuille et mes couleurs.

« T’es bien sûre de vouloir persévérer ? »

Ah tiens, Ecriveuse qui reprend de la voix depuis la première fois depuis que j’ai (un peu) lâché le clavier.

« Non mais tu comprends, insiste-t-elle avec une compassion que je ne lui connaissais pas, tu vas devenir dingue à pas réussir ! Déjà que tu deviens folle quand tu ne trouves pas le mot juste…

- En effet, ça arrive souvent, et je te rappelle que tu ne le trouves pas nécessairement non plus d’ailleurs.

- Ce que tu es susceptible ! tiqua-t-elle.

- Ben non. C’est un constat. C’est tout. »

Au silence qui suivit, j’ai imaginé qu’elle boudait et commençai un nouveau dessin.

« Barbouillage, reprit-elle.

- Hein ?!

- Pas dessin, barbouillage, répéta-t-elle tranquillement.

- J’aimerais bien t’y voir ! Ah mais c’est vrai ! Tu n’as pas de mains. Pas facile pour peindre dans ce cas…

- Fais comme l’écrit, laisse- moi la place, on verra bien… 

- Juste pour te voir échouer en ce cas. »

Je la laissai donc faire. Après tout, c’est mon amie imaginaire. Ou mon alter ego. Enfin peu importe. Quand elle a posé le dernier pinceau, je n’ai pas pu m’empêcher de ricaner :

« Ce qui est rassurant, c’est que tu es aussi nulle que moi ma chère !

- Oui, mais moi, au moins, je n’existe pas. Alors que toi oui.

- Alors ça, c’est vil !

- Bon d’accord, désolée… Mais dis, on pourra recommencer ? C’est vachement reposant comme truc. »

Avec un sourire, je rangeai le tout soigneusement.

« Ouais, on recommencera. Mais là, je vais me coucher. 

- T’as raison, je vais en profiter pour continuer de cogiter pour ton JdR en cours pendant ce temps.

- Merci !!! »

Alors ne cherchez pas nos deux derniers errements colorés, ils sont cachés à la maison. Et ni Ecriveuse, ni moi ne souhaitons les partager. Il existe des artistes qui ont tous les dons ou presque : écriture, peinture, dessin, musique… Pas moi. Pas nous je veux dire.

Mais à défaut d’être vraiment artiste, les mots, ça, c’est notre vraie nature !